Le monde, en particulier notre civilisation occidentale, est sujet à de nombreux maux. La cohabitation de l’homme avec la nature est de plus en plus difficile : surenchère des pollutions, effondrement de la biodiversité, disparition des espaces naturels, changements climatiques sévères. Les impacts liés aux activités humaines et leurs causes sont connus. Urbanisation, déforestation, industrialisation et mondialisation seraient des phénomènes nécessaires à notre développement. L’écosystème planétaire est sous contraintes. Nos interactions avec les autres êtres vivants mettent notre espace vital en danger. Cette crise écologique est d’ailleurs à l’origine des récentes épidémies. La pandémie de la COVID-19 ne serait, en effet, qu’un symptôme supplémentaire de la destruction de l’habitat des autres espèces par l’Homme. Le rapprochement de nos territoires respectifs engendre inéluctablement le contact avec des réservoirs d’agents pathogènes. Paradoxalement, nos liens avec la nature sont ainsi mis en évidence. À travers cette crise sanitaire, c’est le modèle de développement de l’humanité dans ses relations avec la Nature, qui est questionné. Au niveau planétaire, cette crise inédite de l’habitat prend de l’ampleur et se traduit par des troubles sociaux et des flux migratoires en raison de l’accroissement des inégalités économiques et des tensions politiques à la surface du globe.
Face à ces phénomènes, il est important de cultiver personnellement des valeurs fondamentales et de construire collectivement un nouveau futur autour d’elles. Le temps est venu de découvrir ces valeurs inspirées par la Nature et à en faire l’expérience en renouant des liens, au-dehors et au-dedans de nous, avec la Nature. Elles s’inscrivent dans une forme d’Éthique de la Nature. À nouveau reliés à l’âme du monde, nous pourrons humblement explorer et exercer les forces de la vie que sont la solidarité, la patience et la beauté. Dans notre rapport avec les « autres », apprenons à considérer tous les êtres avec lesquels nous sommes en relation comme des partenaires essentiels et distincts, à l’image de tous ces arbres reconnaissants. Comme le souligne Boucar Diouf 1 , ils redistribuent jusqu’à 30 % de leur sève élaborée aux organismes qui les aident à capter dans le sol les nutriments nécessaires à la photosynthèse. Arbres et plantes tissent en effet des liens, ont des relations d’interdépendance et développent des capacités extraordinaires de coopération avec d’autres espèces vivantes comme les champignons, les bactéries ou les animaux.
Face aux injonctions du « tout, tout de suite, tout le temps, en abondance », savourons la force de la patience pour comprendre et intégrer le temps comme une succession naturelle de cycles, d’étapes et de passages de vie. À l’image des saisons, notre corps, nos relations et nos projets sont traversés par des phases de retrait, de mise en veille, de ressourcement, d’enracinement, de renaissance, de croissance, d’activité intense, d’épanouissement, de fécondité… Autant de petits moments de vie et de petites morts, donc de renouvellement créatif du quotidien à habiter tout au long de la vie. Émerveillons-nous du spectacle grandiose en nous laissant pénétrer par la beauté gratuite de la Nature. Ce plus grand que Soi nous remplit, nous nourrit en même temps qu’il nous dépasse et nous inclut. Quand nous sommes en reliance avec la Nature, des images, des sensations et des émotions s’ancrent en nous et nous reconnectent à notre essence profonde en devenir.
La Nature est un champ où poussent et s’arrangent le beau, le bon, le juste, le chaos, la structure, l’adaptation, l’acceptation, la décision, l’action, la réflexion, l’émotion, l’intuition. La nature est une extraordinaire école de sagesse qui nous enseigne ses valeurs !
